Jeudi 24 novembre à 11h30, salle D12, site Mégevand de l’UFR SLHS.
Alice Dupas,
Pourquoi une esthétique incarnée ?
Le cas heuristique de la danse.
La définition la plus générale que l’on puisse donner de l’esthétique incarnée de l’art est certainement celle-ci : c’est une théorie qui ne détache plus le processus artistique du travail du corps et qui affirme que les processus cognitifs mobilisés sont, en partie au moins, constitués par des structures et processus extra-neuraux. Le chose fait intuitivement sens pour le cas de la pratique des arts vivants comme la danse. Mais alors que le corps est ouvertement sollicité dans la création dansée – il appartient autant aux moyens qu’à la fin de la chorégraphie –, qu’en est-il dans l’acte de réception d’une chorégraphie ?
Une fois qu’auront été rappelés les contours épistémologiques de la théorie de la cognition incarnée et ceux de l’esthétique incarnée qui en dérive, nous proposerons une analyse des études menées depuis les années 2000 sur le rôle des neurones miroirs (au sein d’une esthétique simulationniste incarnée) dans l’appréhension de la danse. L’idée soutenue y est la suivante : si je suis face à un spectacle de danse sans que je ne sois moi-même versé·e dans la pratique de la danse, je peux malgré tout me faire une idée des compétences implicites requises dans l’exécution des mouvements proposés, grâce à leur simulation incarnée. Cette compréhension spontanée et empathique se définit comme une forme de compréhension du corps par le corps, de connaissance pratique qui est elle-même génératrice d’un movere. Comme tel, et ainsi qu’en témoigne en outre la polysémie du terme latin, le « mouvoir » est à la souche d’un « émouvoir ».
Crédit photographique : galerie Salahin.
Cette conférence est organisée dans le cadre du séminaire Philosophie-sciences cognitives-mathématiques, axe Fondements politiques et culturels de l’éducation de la Fédération de recherche EDUC.
Alice Dupas est ancienne élève normalienne, agrégée de philosophie et docteure en philosophie. Depuis bientôt quatre ans, elle est Attachée Temporaire d’Enseignement et de Recherche en philosophie de l’art et esthétique (ENS de Lyon, Université Grenoble-Alpes, Sorbonne-Université). Son travail de recherche se situe à la croisée de la philosophie de l’art, de l’esthétique et de l’épistémologie des sciences cognitives. Dans ses travaux et articles, elle contribue à développer et à diffuser une esthétique appelée esthétique énactive sense-making qui rappelle l’importance de l’étude et de la pratique du corps dans la compréhension du phénomène esthético-artistique.
Accès par bus : de l’Inspé Montjoux, prendre la ligne 5 et changer à République pour les lignes 4 ou 6 et descendre à Granvelle ; de l’UFR Sciences, prendre la ligne 3 et descendre à Carmes.
Organisateurs: Fabien Ferri, Arnaud Macé et Stefan Neuwirth.