Modèles mathématiques du Laboratoire de mathématiques de Besançon.


Surface sur laquelle l’ellipsoïde est représenté de manière conforme par normales parallèles.

Les deux autres collections où figure ce modèle le considèrent comme non identifié: à Göttingen, on suppose que c’est une surface périodique ou une surface minimale. Pour lui retrouver sa “formule”, j’ai procédé par élimination dans le catalogue Schilling qui signale l’auteur de chaque modèle; le moment venu, j’ai fait venir la thèse de Karl Reinbeck (1886) de la Sorbonne: c’est la figure à la fin de cette section, qui en est l’unique planche, qui m’a permis de vérifier mon identification.

Comme ce modèle n’a pas été présenté ailleurs, je vais en parler plus longuement. Il montre une surface qui se représente de manière conforme sur un ellipsoïde de sorte que les normales en un point de la surface et en son image sur l’ellipsoïde sont parallèles: Reinbeck décrit cette surface dans sa thèse et il y donne toutes les données numériques qui lui ont servi pour réaliser le modèle.

Le point de départ de Reinbeck est le théorème ci-dessous de Christoffel (1867) qui repose sur les trois définitions suivantes.

Théorème. Les lignes de courbure d’une surface la divisent en carrés infinitésimaux si et seulement si elle peut être appliquée de manière conforme par normales parallèles sur une surface qui ne lui soit pas semblable.

La figure ci-dessous, tirée de Schilling, page 137, montre les lignes de courbure d’un ellipsoïde et illustre son application conforme sur une sphère et sur un plan. On y devine un ombilic: c’est le point où la ligne de plus grande courbure issue de A devient une ligne de moindre courbure.

[sphère avec 3 grands cercles et 18 coniques sphériques confocales qui correspondent aux droites de la plaque rectangulaire et aux lignes de courbure de l’ellipsoïde, qu’elles divisent en carrés infinitésimaux]
sphère avec 3 grands cercles et 18 coniques sphériques confocales qui correspondent aux droites de la plaque rectangulaire et aux lignes de courbure de l’ellipsoïde, qu’elles divisent en carrés infinitésimaux.

Il s’avère que les deux surfaces du théorème doivent être de courbure opposée et que les lignes de courbure de l’une s’appliquent sur les lignes de courbure de l’autre.

Or Reinbeck sait que les quadriques vérifient l’hypothèse du théorème. Sa thèse consiste alors à déterminer les surfaces sur lesquelles une quadrique s’applique de manière conforme par normales parallèles. Il note déjà deux faits.

Le modèle exposé représente le cas d’un ellipsoïde de demi-axes a>b>c dont un octant s’applique de manière conforme sur un rectangle de côtés U1 et U2 dans un rapport 4:3. Il calcule qu’en posant c=3, il faut choisir b et a approximativement égaux à 3.988463 et 4.990676.

[planche de la thèse de Karl Reinbeck (1886)]
planche de la thèse de Karl Reinbeck (1886)

La figure ci-dessus représente la moitié de la surface déterminée par Reinbeck en projection axonométrique: on obtient la surface complète en la symétrisant par rapport au plan (yz) des lignes légendées t1=a2 sur la figure: c’est l’image de la ligne de plus grande courbure d’équation t1=a2, donc l’image de l’ellipse qui est l’intersection de l’ellipsoïde avec le plan de ses deux moindres demi-axes. Cette surface peut être prolongée par périodicité selon les plans perpendiculaires à l’axe des y des lignes légendées t2=b2: ce sont les images de la ligne de courbure d’équation t2=b2, donc les images de l’ellipse qui est l’intersection de l’ellipsoïde avec le plan du plus grand et du moindre demi-axe. Comme cette ligne de courbure passe par les quatre ombilics de l’ellipsoïde, ses images se décomposent en deux moitiés congruentes passant par l’infini. Le modèle représente ainsi deux périodes de la surface.

Biographie. Karl Wilhelm August Reinbeck est né le 8 avril 1859 à Goslar au nord-ouest du Harz, où il a obtenu le baccalauréat vers Pâques 1879. Il a alors étudié les mathématiques et les sciences naturelles à Halle puis Leipzig et finalement Göttingen, où il a passé l’examen pro facultate docendi le 21 juin 1884 devant la Commission d’examen scientifique royale nécessaire pour devenir enseignant de mathématiques. Il a alors fait son année de stage pédagogique au lycée d’Einbeck en Basse-Saxe. Le 19 décembre 1885, il a soutenu sa thèse de doctorat de philosophie esquissée ci-dessus. Son directeur de thèse a certainement été Hermann Amandus Schwarz. Il est resté enseignant auxiliaire à Einbeck jusqu’aux Pâques 1888, puis à Hamelin jusqu’à octobre 1888, date à laquelle il a été nommé au lycée d’Uelzen. Il s’est marié peu après et a eu une fille. Il a publié deux manuels d’enseignement: Die planimetrische Lehraufgabe für Quarta und Unter-Tertia des Realgymnasiums (1899) et Die planimetrische Lehraufgabe für Obertertia und Untersekunda des Realgymnasiums (1900). Il est mort le 28 mai 1939 à Uelzen.

193. (XVII, 13.) Fläche, auf welche das Ellipsoid durch parallele Normalen conform abgebildet wird. Von Dr. K. Reinbeck in Einbeck (S).

Die Fläche wird durch ihre Krümmungslinien in unendlich kleine Quadrate geteilt. Mit Hülfe des Modells lässt sich eine Vorstellung gewinnen von der Gestalt derjenigen Flächen, auf welche die übrigen Flächen zweiten Grades durch parallele Normalen conform abgebildet werden. Mk. 14.—.

Schilling, série XVII no 13 (1886) pages 39-42 et 193 page 139. Dyck, 205 pages 287-288. Maillard et Belgodère, 550-551?.

Göttingen, Harvard, Harvard, Harvard.